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NB : Ce blog est "fait-maison". Je suis l'artisan autodidacte de tout ce qui s'y trouve et n'étant pas développeur il m'arrive souvent de découvrir des problèmes techniques par... hasard.

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Gautier(arobase)faisons-le-mur.com

L’utilisation du plâtre dans la construction est peu documentée. Si peu qu’on a fini par oublier beaucoup de choses à son sujet. Guidés par Jonathan Martens, une référence absolue en la matière, on va naviguer à travers les âges, explorer ses origines rocheuses et ses transformations étonnantes. De sa perspirabilité méconnue aux nuances colorées du plâtre paysan, prépare-toi à redécouvrir ce matériau sous un jour totalement nouveau. Alors, enfile tes lunettes de protection, saisis ta truelle de curiosité, pour découvrir les secrets de mon invité formé chez Noria, l'école Européenne des Arts et Matières, et surtout sur le terrain !



Histoire et évolution du plâtre

Accroche-toi à ton casque, car on va plonger tête la première dans l'océan profond de l'histoire du plâtre. Jonathan Martens va nous guider dans les méandres de ce matériau pas comme les autres. D’ailleurs, si tu veux visionner l’interview complète, c’est ici : 

Et si tu ne veux pas t'infliger 1 h 40 de vidéo non-stop, voici deux options pour toi :

1/ Pousse la vidéo à la vitesse lumière x3 et prépare-toi un cocktail d’ibuprofène, ou

2/ Mets la main sur le compte rendu ultra-secret, normalement réservé aux éco-didactes de la première heure (mais pour toi, on fait une exception, 🤫!)


Origines et composition 

Le voyage du plâtre commence avec le gypse, existant sous deux formes principales : l'anhydrite (« sans eau » en grec) et les hydrates de calcium. Ces roches, les évaporites, sont de vrais artistes, se formant lentement, mais sûrement à travers un processus d'évaporation aussi doux et naturel que ta respiration. Elles laissent derrière elles un cocktail de chlorures de sel et de sulfates de calcium – des minéraux qui peuvent nous permettre de créer après calcination des enduits. 

Le plâtre respire, et oui !

Contrairement à certaines idées reçues, ce matériau offre une excellente perspirabilité. Avec un SD bas, il rivalise avec les enduits en terre en termes de régulation hygrométrique, une propriété précieuse pour maintenir l'équilibre d'humidité dans les habitations. Eh oui, le plâtre peut réguler l'humidité comme un pro, te permettant de vivre une ambiance intérieure sèche et agréable. Mais attention toutefois à ne pas abuser de ses services, car Monsieur Leplâtre est un junkie de l’humidité. Il en absorberait jusqu’à se décomposer, c’est bien son plus grand vice !

Pourtant, tu comprendras plus loin dans cet article que même cette addiction malheureuse peut être guérie en employant les bonnes techniques.

Quote Faisons le mur

Sans rajout de sable, sans rajout de chaux, on a un SD de 8, ce qui est tout de même quasiment au niveau d'un enduit terre - Jonathan Martens

Quote Faisons le mur 2

L'époque des plâtres anciens 

Ah, le bon vieux temps ! Les plâtres d'antan, ils avaient du caractère. Concassés à la main, grossièrement, ils ne s'embarrassaient pas de délicatesses. Cuire le plâtre dans des fours en pierre, c'était un peu comme préparer un ragoût sur un feu de bois – ça donnait un goût unique. Il offrait ainsi une texture distincte et moins de superficie spécifique pour l'hydratation, influençant directement son comportement face à l'humidité.

Définition : Surperficie spécifique
La superficie spécifique d'un matériau, se réfère à la surface totale d'un matériau par unité de masse (L'éponge en a beaucoup, la bille en a le moins). En d'autres termes, c'est une mesure de la quantité de surface disponible pour les réactions chimiques ou physiques par gramme du matériau. Cette propriété est particulièrement importante dans les réactions d'hydratation.

Les plâtres anciens ou “plâtres paysans” plus grossiers, ne se gorgeaient pas d'eau de la même manière que les plâtres modernes, très fins. Cette modification a eu un impact considérable sur les qualités hygroscopiques et respirantes du plâtre.

Arche en plâtre

Arc en plâtre et pisé jointé au plâtre alpha - Région du bas-Aragon (ES) XVIIIs.

Les différentes formes de plâtre et leurs utilisations 

Continuons notre aventure dans le monde coloré du plâtre ! Jonathan Martens, notre guide éclairé, nous emmène à la découverte des différentes formes de plâtre, chacune avec son caractère et ses secrets. 

Plâtre fin : l'artiste des détails

Ce petit nouveau a fait son entrée au 19° siècle. Avec ses grains fins comme du sucre glace, il a transformé l'art de la moulure. Jonathan le dit : « Pour les moulures et les modénatures, le plâtre fin, c'est le roi ». 

Mais dans les maisons anciennes, il trouve ça un peu too much. Avec cet aspect, toute la matière devient lisse et uniforme. Donc, ces plâtres qui sont très bien pour faire des moulures et du détail, Jonathan ne leur trouve pas d’utilité dans le bâti ancien. 

Plâtre paysan : la palette colorée du passé

On parle souvent de plâtre blanc, mais savais-tu que le plâtre peut aussi être rouge, jaune ou même violet ? Eh oui, nos ancêtres n'étaient pas du genre à se limiter. Le plâtre paysan, avec ses couleurs issues directement de la nature du gypse, a marqué les tonalités d’une époque. Mais les choses évoluent, et ces plâtres originaux ont perdu la bataille face au plâtre de Paris, plus blanc que blanc. Dommage, ces nuances marquaient les cultures et les territoires, soupire Jonathan.

Plâtre gros : le rustique aux performances regrettées

Et maintenant, un mot sur le plâtre gros. Aujourd'hui, le terme "gros" fait plus référence à la taille des grains qu'à la qualité du matériau. Jonathan explique que même les gros plâtres modernes sont trop fins à son goût. Mais en Espagne, il y a encore des passionnés qui perpétuent la tradition avec des grains généreux, comme dans l'ancien temps. C'est là que le plâtre retrouve son âme, son authenticité.

Et en France, nous avons Philippe Bertone des Ateliers du Paysage. Ce gars, c'est une légende vivante du plâtre ! Il cuit son propre plâtre, le met en œuvre et restaure des merveilles. Un véritable artiste qui nous rappelle à quel point ce matériau est inspirant.
façade plâtre rose

Façades enduites au plâtre rose - Albaracin (ES)

Le génie de la débrouille : l'héritage du plâtre vernaculaire

Pour Jonathan, le vrai génie dans l’utilisation du plâtre réside dans les petites maisons de village, où l'ingéniosité et la simplicité règnent.

Quote Faisons le mur

C'est là que le plâtre prend tout son sens, dans sa forme la plus humble, mais aussi la plus belle - Jonathan Martens

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C'est cette simplicité, ce retour aux sources, qui rend le plâtre si spécial et si fascinant.


Plâtre et rénovation : une union possible ?

Bon, on va creuser un peu les idées reçues. On entend souvent que c'est un no-go pour les vieilles maisons, mais est-ce vraiment le cas ? Jonathan nous donne son avis éclairé. 

Ce matériau mal compris

C'est vrai, le plâtre peut se gorger terriblement d'eau, surtout ces versions ultra-fines modernes. Mais hé, attends un peu ! Jonathan a plus d’un tour dans sa besace. Il nous ramène à l'utilisation de plâtres gros avec un petit peu de sable en guise de “grain de sel”. En ajoutant du sable, on crée un réseau capillaire intelligent. C'est un peu comme jouer au Tetris avec les particules pour qu'elles respirent et ne se gorgent pas d'eau. Car contrairement aux idées reçues, le bon plâtre, au bon endroit et avec la bonne formulation, sait aussi jongler avec l'humidité.

Et pour cette histoire de rétention d'eau ? Jonathan répond que ça dépend aussi de l’environnement. Si ta maison est construite sur une source, oublie le plâtre. Mais sinon, avec le bon mélange et la bonne mise en œuvre, tu peux faire des miracles. Il nous rappelle que chaque maison est unique, et le choix du matériau doit être adapté au contexte spécifique.

La cuisine du plâtre : un art subtil

Voilà, maintenant, parlons de gâchage et de la quantité d'eau à mélanger à notre plâtre. C'est là qu'on se transforme en cuisine de chef étoilé, jonglant entre hygroscopicité et densité. Jonathan insiste sur l'importance de ce mélange : c'est comme doser le volume de ta sono à ta fête d'anniversaire. Trop, ça tourne au cauchemar, pas assez, on s'emm*rde. Le plâtre, c'est pareil. Il faut savoir trouver le bon équilibre.

Définition : hygroscopicité
L'hygroscopicité est la propriété qu'ont certains matériaux d'absorber et de retenir l'humidité de l'air environnant. Les substances hygroscopiques tendent à attirer et à retenir les molécules d'eau, soit par absorption à la surface du matériau, soit par inclusion dans leur structure moléculaire.

Au 19° siècle, on a commencé à changer la recette du plâtre. On est passé de la cuisson rustique à la cuisson parfaite. Sauf qu’avec cette obsession du "platro perfecto, cretino !", on a perdu certaines qualités du plâtre. Mais, c'est en expérimentant, en testant, qu'on redécouvre ses charmes. Un peu de sable, un peu de chaux, et hop, on donne une seconde jeunesse à ce matériau ancestral.


Chaux-plâtre, sables, et adjuvants : ses combinaisons avec d'autres matériaux

Maintenant, notre alchimiste du bâtiment, nous expose comment combiner le plâtre avec d'autres matériaux. Prêt·e à découvrir comment transformer un simple plâtre en un super-héros de la construction ? C'est parti !

Chaux-plâtre et sable

On l’a vu, aujourd’hui, on a perdu certaines qualités essentielles du plâtre. Ce changement a conduit à l'ajout de sable et de chaux dans les plâtres pour stabiliser le sulfate de calcium et améliorer sa perspirabilité.

En ajoutant de la chaux et du sable au plâtre, on crée un mortier qui a tout pour plaire : 

  • bonne résistance ; 
  • bonne perspirabilité ;
  • régulation hygrométrique optimale. 

Cette recette magique a complètement transformé la façade du Vieux Paris, rendant les bâtiments non seulement magnifiques, mais aussi sains et durables.

Utilisation Plâtre Paris

Facade chaux-plâtre gros à Paris

Le mariage plâtre-chaux, c'est une danse délicate. La chaux hydraulique est à éviter avec le plâtre, au risque de possibles dégats ! En milieu humide, cela crée un sel expansif et paf... ta construction fait grise mine. Alors, on joue la carte de la prudence et on évite les mélanges explosifs.

Mais, avec des formulations bien pensées, tu peux obtenir des résultats incroyables sur différents supports.

Article qui t'aidera à plonger dans le sujet : 

Mortier chaux-plâtre | Une Incroyable Recette oubliée ! 

Plâtre-chaux-chanvre : L'expérience interdite ?

Jonathan a tenté le plâtre-chaux-chanvre une fois, et ça a été l'anarchie. Des champignons sont sortis de nulle part ! Et oui, le plâtre séquestre l’eau et les champignons adorent ce genre de tiran. Mais dans les bonnes conditions, qui sait ? Je suggère que ce n’est pas un trio aussi incompatible que cela, avec du béton de chanvre par exemple. L’expérience a été souvent répétée avec les recettes de chaux-chanvre à la chaux aérienne de “l’école” Canosmose. Je l’ai moi-même pratiquée sans complications autres que la gestion des mélanges et la prise rapide induite par le plâtre. 

La résistance accrue par l'ajout de charge

Et pour ceux qui pensent que l'ajout de charge affaiblit le plâtre, Jonathan a une autre histoire à raconter. Avec l'ajout de charge, on augmente la résistance. Et avec la bonne courbe granulométrique, même jusqu'au petit gravier, tu obtiens un matériau ultra-résistant. C'est comme ajouter de la basse sur une mélodie, ça change tout ! 

Il faut trouver le juste équilibre entre résistance et flexibilité. Jonathan revient sur l'importance de l'eau dans la flexibilité du matériau et sur la beauté de l'expérimentation : « Ajoute un peu de terre, un peu de chamotte, et tu obtiens un mortier d'une plasticité incroyable.  » C'est comme peindre avec de nouvelles couleurs.


Utilisation du plâtre : point sur sa solubilité et sa résistance

Prépare-toi, on va maintenant parler technique : solubilité, résistance, et quelques astuces de pro. Go !

La solubilité du plâtre 

As-tu remarqué que le plâtre, même durci, peut redevenir pâteux si tu le mouilles assez ? Le plâtre actuel (trop fin) est hyper soluble et ça crée des soucis. Mais ne t'inquiète pas, il y a toujours une astuce : si tu mélanges le plâtre avec du sable, tu réduis sa solubilité et améliores sa résistance.

Article qui t'aidera à plonger dans le sujet : 

Quelle peinture naturelle utiliser sur du placo ? 

Jouer avec le feu : les températures de cuisson

Ici, la température joue un rôle crucial. En augmentant la température de cuisson, on obtient un plâtre moins réversible, plus résistant à l'eau, nous explique Jonathan. 

Les anhydrides présents dans le plâtre réduisent la solubilité et augmentent la résistance, surtout dans les zones humides.

On le répète : un bon plâtre peut donc être un allié contre l'humidité.

La cuisson du plâtre, c'est tout un art. En Espagne, ils utilisaient même des arbustes verts pour la cuisson, ce qui donnait des plâtres avec des caractéristiques uniques. C'est une histoire de savoir-faire et de tradition.

Jonathan nous rappelle que le plâtre n'est pas juste un matériau ancien ; c'est aussi un choix écologique. Même cuit à haute température, il reste écologique. Et en plus, tu peux le recycler !

Résistance mécanique : plus fort que tu ne le penses

Un plâtre gros peut avoir une résistance incroyable, parfois même plus que la chaux. C'est une question de mélange et de technique. On a souvent tendance à sous-estimer la résistance du plâtre. Mais en réalité, il peut être super costaud, surtout si on le mélange bien. Quand on combine la chaux et le plâtre, on crée un mortier incroyablement résistant.

Joint pierre plâtre

Joints de pierres en extérieur au plâtre

Le plâtre, c'est un matériau magique. Il peut être utilisé de mille façons, et chaque fois, il te surprend par sa résistance et sa flexibilité, conclut Jonathan. 

Et voilà, on arrive au bout de notre fabuleuse expédition dans le monde du plâtre. On espère que ce voyage t'a ouvert les yeux sur les possibilités infinies et surprenantes de ce matériau ancien, mais toujours d'actualité. 

Si cette plongée t'a donné soif d'en apprendre encore plus, télécharge ici la transcription complète en pdf de l’entretien avec Jonathan**. Ce téléchargement te donnera accès à notre newsletter d’éco-didactes. C'est ton billet d'entrée pour un monde où la rénovation, l'écoconstruction et les astuces de pro se rencontrent.

Et pour ne rien manquer de l'univers enrichissant de Jonathan Martens (et si tu as un chantier incroyable à lui proposer), rejoins-le sur Facebook ou retrouve-le sur son site Habita’Terre. Jonathan y partage avec une générosité incroyable tous ses savoirs. C'est une mine d'or d'informations, de conseils et d'astuces qui transformeront ta manière de voir et de travailler le plâtre. 

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