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J’ai été au colloque sur la construction en terre crue 

Colloque sur la construction en terre crue

Bonjour à toi,

Hier je suis allé pour la première fois au colloque de la construction en terre crue qui se tenait à l’ENTPE de Vaulx-en-Velin (69) .

L’ENTPE c’est l’Ecole Nationale des Travaux Publics de l’État, une école d’ingénieur dont j’ignorais tout de l’existence.

Bref, étant donné que ce colloque était réservé aux professionnels, je me suis dit que tu serais peut-être intéressé de savoir ce qu’il s’y ai dit… Puisque toi aussi tu aimes la terre crue. Avoue !:)

Alors je te préviens tout de suite, je n’ai pas pu assister à toutes les interventions car j’avais rendez-vous avec un groupe auquel je viens de m’associer.

Je t’informe aussi que si tu t’attends à un résumé objectif de la journée, il ne le sera que de ma perspective personnelle :) Comme ça les choses sont dites.

Les rencontres :

Tout d’abord, durant cette journée, j’ai été surpris d’avoir rencontré des personnes qui suivaient ce blog. J’ai eu droit à un « ah oui, je connais, j’ai même liké ! », « le dernier article était sur le salpêtre », « j’ai lu pas mal d’articles »…

Je n’étais pas préparé à être reconnu en public et j’admets avoir eu des petits papillons dans l’estomac … Va-t-il falloir que je m’habitue ? A quand les demandes de selfies ??? :)

J’ai aussi été heureux d’y croiser Léa Génis (amie qui m’avait déjà fait le plaisir de m’accorder une interview captivante) et enfin, j’ai rencontré Jérémy Cohen, un artisan qui a fait un beau travail de transmission à travers ses vidéos youtube.

Que du beau monde, quoi:)

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Si tu prends le train en route, l’interview de Léa Genis :

LEA GENIS: CRAterre – Pisé – Culture Constructive

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Mais venons-en au fait… le programme de la journée (j’ai surligné les présentations auxquelles j’ai pu assister):

Construction terre crue

Ce colloque a eu pour objectif de faire découvrir une partie des résultats des programmes de recherche Prima-Europa et Primaterre, ainsi que de réunir plusieurs acteurs du milieu de la terre (crue).

Le projet PRIMA-EUROPA :
Identifier des verrous politiques ou économiques au développement du secteur de la construction en terre crue.
Comprendre des dynamiques de marchés naissantes dans le secteur de la construction en matériaux premiers par les analyses sociologiques de l’offre, de la demande, et de leur rencontre.

Le projet PRIMATERRE :
Rénover et bâtir durable : l’enjeu des matériaux premiers 
Construire en matériaux premiers, en cohérence avec les concepts du développement durable. Lever les verrous scientifiques et sociaux.

Bon, tout ça c’est un peu du latin pour ceux qui comme moi s’exprime avec moins d’abstraction schématique liée à leur plurisingularité synaptique.

En d’autres termes:

Le projet PRIMA-EUROPA : y’aura du boulot dans la terre crue ? Oui    Non

Le projet PRIMATERRE : ça tient debout la terre crue ?              Oui    Non

Je caricature évidemment, mais étant donné qu’un colloque est un rendez-vous de scientifiques et de théseux, il était clair que l’on était loin de la tartiflette à Mamie Chantal.

LE FOND ET LA FORME DU COLLOQUE SUR LA TERRE CRUE

D’abord la forme :

Au risque d’en blesser quelques-uns, j’avoue avoir eu un peu de peine avec la première présentation, celle de l’association TERA.

J’aime beaucoup TERA et je respecte leur travail mais cela ont été 45 minutes interminables ! Peut-être suis-je trop bien habitué à force de suivre des conférences en ligne mais j’ai franchement senti qu’il y avait un « ancien monde » et un « nouveau monde » de la présentation de contenu. Même avec du powerpoint !

Ce que j’ai vu durant cette démonstration ce sont trois personnes devant une salle pleine, qui parlaient à leurs ordinateurs. Cela a cruellement manqué de personnalité et de cœur. Heureusement, les informations qu’ils ont passées rattrapaient le manque de couleurs dans leurs propos.

J’insiste pour m’excuser de ce ton critique car je sais que ces personnes n’ont pas vocation à être conférencières et qu’elles ont des qualités indéniables dans leurs activités respectives. Je suis loin d’être au-dessus de cela, je m’autorise juste un commentaire sincère.

Ce sentiment a d’ailleurs été rattrapé par les interventions suivantes qui, sans sublimer la grandiloquence, ont tout de même été plaisantes.

J’étais cependant prévenu, pour le « cirque du soleil », je m’étais trompé d’arrêt de tram :)

Ceci étant dit, l’accueil a été très agréable avec petit café, petit buffet de midi accompagné de son verre de vin et petit 4 heure pour relancer l’index glycémique.

Le tout sous le regard bienveillant d’un doux soleil d’avril… Ça donnait franchement envie de reprendre les études :)

Maintenant, le fond :

J’ai trouvé l’ensemble de la journée extrêmement intéressante.

Tout d’abord grâce aux intervenants sur la chaire qui maîtrisaient bien leurs travaux et aussi grâce aux participants du public, invités à prendre la parole ou à poser leurs questions à la fin de chaque présentation.

En effet, il y avait beaucoup de personnes très impliquées et très informées qui composaient l’amphithéâtre. Des architectes et des étudiants mais aussi des artisans expérimentés qui savaient ramener le sujet à des préoccupations de terrain, concrètes et inséparables du travail théorique.

Comme dit, je ne suis pas arrivé dès le début, j’ai donc pris les choses comme elles venaient et je regrette beaucoup d’avoir loupé « Bâtiment et économie circulaire : quelle place pour la terre crue ? » de Benoit PHILIBERT.

Par contre j’ai beaucoup aimé « Les marchés de la construction en terre crue en France. Les apports d’une sociologie économique. » de Victor VILLAIN.

Je reviendrai plus en détail sur cette conférence après avoir parlé un peu de TERA.

Construction en terre crue

MON COMPTE RENDU DES INTERVENTIONS

TERA et le « guide des bonnes pratiques de la construction en terre crue »

TERA (Terre Crue Rhone-Alpes) est une association militant pour l’essor de l’utilisation de la terre crue et la diffusion des connaissances autour de la terre crue.

Originaire de Rhône-Alpes où 15 % du bâti est en pisé, elle s’est rendue spécialiste des techniques entourant ce mode de construction local.

Durant leur présentation, les représentants de TERA ont traité des avantages techniques, environnementaux et sociaux de l’emploi de la terre crue dans la construction.

Un autre point, cher aux yeux des intervenants de TERA et aux miens, a été qu’avec la maîtrise des techniques de construction en terre crue les artisans redeviennent acteurs d’un patrimoine qui les entourent. Ils en retrouvent une certaine fierté qui s’est beaucoup éventée dans les métiers de la maçonnerie ces dernières décennies.

Guide des bonnes pratiques de la construction en terre crue

Depuis 2014, TERA participe à l’écriture du « Guide des bonnes pratiques de la construction en terre crue ».

TERA pilote le groupe de travail dédié à la rédaction des textes de référence ayant attrait au pisé.

Ce travail collectif est effectué en collaboration avec d’autres associations nationales ayant chacune un chapitre dédié selon leur patrimoine respectif.

Sont associés au projet d’écriture de ce guide à paraître à la fin 2018 :

Ce guide pratique de la construction en terre crue a la particularité de ne pas chercher à être un DTU qui imposerait une façon unique de procéder. Il propose plutôt des objectifs minimum de qualité à atteindre car avec la terre crue il existe autant de pratiques que de terres et de praticiens.

L’idée est donc de ne pas chercher à interdire telle ou telle pratique et d’éviter de caractériser la terre crue.

Ces quelques lignes n’ont pas vocation à être exhaustives sur les activités de TERA. J’y consacrerai sûrement un article prochainement. Sache juste, en attendant, qu’il y a deux modes d’adhésion à TERA, celui d’adhérent et celui de sympathisant. Je t’invite donc à aller voir sur leur site pour de plus amples informations.

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Article qui t’interessera aussi:

COMMENT TROUVER SA FORMATION EN ECO-CONSTRUCTION ?

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Victor VILLAIN : « Les marchés de la construction en terre crue en France. Les apports d’une sociologie économique. »

J’ai trouvé la conférence de Victor Villain particulièrement intéressante.

Elle s’est divisée en trois parties qui étaient :

  1. L’émergence de la construction en terre crue entre 1970 et 1990
  2. Les « propriétés sociales » des habitants de construction en terre crue
  3. Les enjeux de la construction en terre crue

Durant cet exposé, j’ai appris l’existence d’un plan construction massif dans les années 70 qui détermina grandement l’émergence de la (re)construction en terre crue en France.

Ce plan construction était censé pallier au déficit de 3.000.000 de logements en France plus de 15ans après « l’appel de l’Abbé  Pierre » en février 1954.

Suite au choc pétrolier et à une grande récession du BTP, il se trouve que le gouvernement s’intéressa de près à la construction en terre crue. Ceci impulsa la création du laboratoire CRAterre (1979) qui n’existait alors qu’en tant qu’association. D’autres projets incroyables virent ainsi le jour comme le fabuleux « Domaine de la terre » (1981) et l’« Institut International de la construction en terre » (1987) qui échoua pour des raisons diverses.

L’intérêt du gouvernement pour ces projets était tant d’ordre économique que de standing international. Malheureusement, la couverture médiatique faisant passer la terre crue en tant que figure d’un « passé dépassé », l’opinion ne prit jamais vraiment part au combat.

En ce qui concerne le profil social des occupants de maisons en terre crue neuves, Victor Villain souligna qu’une majorité d’entre eux avaient plus confiance au matériau qu’ils ne le connaissaient vraiment. En effet, il remarqua que beaucoup d’occupants avaient un rapport émotionnel (lié à un souvenir ou à une manie) voire nostalgique plutôt que technique avec la terre crue.

Il réveilla aussi le débat en mentionnant l’inclinaison « ascétique » (yoga, marche à pied, ..) des occupants qui compensaient par des habitudes frugales les surcoûts de 10 à 20 % qu’occasionnaient le choix d’une habitation neuve en terre crue. On lui reprocha vite cette caricature.

Il se défendit notamment par cette envolée habile: « la pente explique le penchant ».

Ensuite, il glissa lui-même sur une autre pente qui était celle des « smart homes ». Concept peu coopté par les irréductibles gaulois dans la salle.

Victor Villain conclu en rappelant que les professions autour de la terre crue étaient mal définies, mal délimitées et donc mal garanties, ce qui pousse de plus en plus d’artisans à tenter de prendre en main les rênes de la normalisation de leur pratique avant qu’un illégitime ne le fasse à leur place.

Je saute volontairement les autres interventions, un peu techniques pour être correctement résumées, je passe directement à la table ronde de fin de journée.


« La construction en terre crue en France : quel avenir pour un savoir-faire artisanal ? »

Je retiens de cette table ronde un certain malaise entre les chercheurs et les artisans présents au colloque. Je devine que chacun se connaissait réciproquement et que les sujets sensibles aux uns et aux autres n’étaient plus secrets depuis longtemps.

Sans surprise donc, la question du lien entre la recherche et le terrain a occupé beaucoup de temps. Il semble en effet que cela soit le maillon faible aux yeux de plusieurs acteurs. Notamment, mais pas que, aux yeux des artisans.

Un autre point faible convenu par tous est le manque de relations entre les différentes études. En effet, chacun se contenterait d’élaborer des thèses en y dédiant quelques années avant de les ranger dans un classeur une fois le travail validé.

Un des intervenants ira même plus loin en admettant que pour être certains de décrocher des postes de chercheurs après leurs thèses, les candidats devaient trouver des sujets de niches plutôt que des sujets pratiques et réellement utiles à la collectivité. Cela leur confère une spécialisation utile à leur carrière.

Jean-Claude Morel, chercheur à l’Université de Coventry, UK, confirmera aussi qu’en France la recherche n’est pas orientée vers l’utilité publique comme elle l’est obligatoirement en Angleterre.

Bref, on a eu droit à un échange symbolique de points de désaccords sans réel espoir d’évolution, ni d’un côté ni de l’autre.

Je laisse le mot de la fin à Victor Villain, friand comme moi des belles punchlines :

« Il y a le temps de travail et le travail du temps » autrement dit : « laisse venir, gros ! »

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Au plaisir !

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  • alexis monjauze dit :

    merci pour ces notes intéressantes!

  • Remi Van Reeth dit :

    Très bon article!
    Promis, je te demande un selfie la prochaine fois qu’on se croise!

    • Eco.didaqt dit :

      Merci de prendre le temps de suivre mon ptit boulot :) … Selfie accordé! ;p

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