fbpx

Earthship : Avenir ou utopie ? 

L’earthship est une maison 100 % autonome. Son concept est issu d’une logique écologique poussée à l’extrême visant l’autarcie. Bioclimatique, en matériaux recyclés ou biodégradables, ce logement ne consomme pas d’énergie, peut s’autoconstruire et bien plus encore. Ça fait rêver non ? Alors, pourquoi n’y en a-t-il pas plus ? La première des raisons se cache certainement derrière un manque d’information sur le sujet en France. C’est pourquoi je me dois de consacrer au moins un article sur ces géonefs, afin que tu en saches plus et qu’ensemble, nous alimentions les réflexions qui pourront un jour soulever les obstacles à cette ingénieuse approche.

earthships géonef

Quelles sont les origines du géonef ?

Les earthships ont été importés des États-Unis. Enfin, plus précisément du Nouveau-Mexique où, au début des années 1970, un jeune architecte, nommé Mike Reynolds, décide de trouver un moyen de recycler les déchets en les incorporant à la structure de ses maisons.

Sa motivation : recycler les excès de rebuts et contourner le prix exorbitant des constructions classiques. Le concept n’est alors pas du tout ce qu’il est aujourd’hui, mais les premiers essais sont entrepris avec des murs façonnés en partie de cannettes de sodas et de bouteilles en tout genre. Ces éléments, montés comme des briques et liés au ciment, créaient des murs légers, solides et étonnements esthétiques. Ce qui attirera rapidement l’attention de la presse locale, construisant ainsi les débuts de la réputation de cet architecte excentrique.

Qui est Michael Reynolds ? Pour te présenter le personnage, le plus simple est certainement de te montrer la photo de son profil Facebook.

earthships géonef

Voilà donc le visage aux allures de savant fou de cet architecte au profil et aux réalisations si atypiques.

Loin de moi l’idée de me gausser en abordant ainsi sa présentation, mais il me semble important de comprendre de quel esprit chevelu ont été inspirées les earthships.

Mike Reynolds est aussi anarchiste dans son approche de l’architecture que dans son look. Grâce à cette mentalité décalée, mais tenace, il a été capable d’imposer une vision qui avait pourtant dès le début été rejetée par tous les ingénieurs de la construction.

Pourquoi ? Pas assez conventionnelle, je suppose. Pourtant, comme nous le verrons plus loin, c’est un modèle de conception à la fois durable, sobre, accessible (sous certaines conditions) et efficace.

Quoi qu’il en soit, il savait déjà à l’époque qu’il était urgent, pour l’ensemble de l’humanité, d’expérimenter des systèmes plus durables pour nous loger. Cependant, à cause de cette vision libertaire, Mike Reynolds se fera retirer sa licence d’architecte. Ce n’est qu’après un combat juridique de 17 ans, qu’il la récupérera en 2006.

Le magnifique documentaire « Garbage Warrior » retrace l’itinéraire de cette dernière année de lutte avec la haute administration américaine. Si vous vous intéressez un tant soit peu aux earthships et à la construction écologique, ce reportage est à VOIR ABSOLUMENT ! 

Pour finir, Mike Reynolds a bâti une communauté expérimentale à Taos au Nouveau-Mexique sur une étendue de 640 hectares, où il construit plus de 70 maisons expérimentales. Cela sans compter les interventions humanitaires aux quatre coins du monde où sa technique s’applique. Pour la simple et bonne raison que, partout sur la planète, les rebuts de consommation abondent.

Article complémentaire pour plonger dans le sujet : 

Où tester un earthship ?

Pourquoi cette autoconstruction fait-elle rêver ?

« Pourquoi aurais-je envie de construire ma maison avec des ramassis de poubelles ? » me diras-tu. Eh bien, parce que les earthships sont bien plus élaborés que l’on peut l’imaginer. Depuis leurs débuts avec les murs en cannettes de sodas, les designs des géonefs ont considérablement évolué. Aujourd’hui, ils sont esthétiquement et énergiquement remarquables. La preuve en 4 points.

1— L’esthétique 

Avec leurs formes arrondies, les earthships (traduit littéralement par vaisseaux de terre) ressemblent réellement à des engins venus d’une autre dimension. D’ailleurs avec la traduction française « géonefs », on a vite fait de faire le rapprochement avec l’aéronef et d’imaginer une analogie avec des dirigeables au style steampunk. Dans son approche, l’earthship reste tout de même plus proche d’une maison de Hobbit… Bienvenue à toi, si tu es fan de science-fiction ou d’héroïc fantasy.
géonef earthship

Aux courbes harmonieuses viennent s’ajouter, telles des mosaïques de couleurs, les éléments translucides qui apportent lumière et texture. Souvent on se croirait devant un reptile sorti d’un autre monde.

En les voyant, il n’y a aucun doute que chacune de ces constructions soit unique et faite sur mesure, avec goût et motivation. Elles représentent clairement l’infini potentiel de la personnalisation. On y retrouve la trace du travail de la main de l’homme à chaque coup d’œil.

Une surprise gravée, moulée ou encastrée nous chante une histoire dans chaque recoin du vaisseau.

Pour l’analogie, les earthships rappellent beaucoup le travail sensuel, tout en rondeur et les couleurs éclatées d’architectes comme Gaudi, Hundertwasser ou encore l’architecture organique de Rudolf Steiner.

Aux courbes harmonieuses viennent s’ajouter, telles des mosaïques de couleurs, les éléments translucides qui apportent lumière et texture. Souvent on se croirait devant un reptile sorti d’un autre monde.

En les voyant, il n’y a aucun doute que chacune de ces constructions est réalisée sur mesure, de manière unique, avec goût et motivation. Elles représentent clairement l’infini potentiel de la personnalisation. On y retrouve la trace du travail de la main de l’homme à chaque coup d’œil. Une surprise gravée, moulée ou encastrée nous chante une histoire dans chaque recoin du vaisseau.

Pour l’analogie, les earthships rappellent beaucoup le travail sensuel, tout en rondeur et les couleurs éclatées d’architectes comme : Gaudi, Hundertwasser ou encore l’architecture organique de Rudolf Steiner.

2— Le recyclage 

La Philosophie derrière les earthships, c’est qu’à ce stade, les déchets existants sur terre ont été générés par la planète. Il semblerait que nous soyons arrivés au point où les déchets peuvent et doivent être considérés comme des ressources naturelles. C’est une idée étrange au début, mais si l’on y regarde de plus près, il est vrai que nous ne pouvons plus brûler ou enfouir indéfiniment tout ce qui nous encombre. Pourquoi alors ne pas l’utiliser ? 

bouteilles géonef earthship


À partir de cette constatation, Mike Reynolds a décidé d’utiliser le secteur de la construction pour recycler un maximum de déchets. Je t’ai déjà parlé des cannettes et des bouteilles vides qui, il est vrai, peuvent être disponibles dans n’importe quel endroit de la planète. Mais, d’autres possibilités existent. Le design de l’eartnship a connu un véritable tournant lorsque M.R. décida de recycler un autre rebut majeur de toutes les civilisations actuelles : le pneu !

3— Les murs en pneu 

Remplis de terre damée et empilés comme des briques, les pneus sont devenus, avec les années, la marque de fabrique des earthships. Ils sont utilisés autant comme structure que comme masse inertielle. Outre le fait qu’ils offrent une matière première au coût presque inexistant, les pneus permettent une telle assise qu’ils remplacent les fondations de ces maisons-vaisseaux sur la plupart des terrains. Oui, tu as bien lu : la conception des géonefs les dispense allègrement de fondations !!! Et vive les briques de 150 kg !

mur pneu earthship

4— Les earthships appellent à l’autonomie 

Les géonefs sont pensés pour l’autosuffisance énergétique et alimentaire de ses habitants. Ils utilisent des panneaux solaires pour la production d’électricité intérieure et des serres géantes accueillent un potager dimensionné en fonction des besoins des occupants. Pour ce qui est de l’eau, elle est récupérée dans des citernes, puis filtrée pour pouvoir être consommée, sur place. Je m’attarderai un peu plus loin sur ce point hautement optimisé.

Mais ce que les earthships ont intégré de plus, c’est un système de récupération d’eau de pluie et de réutilisation constante de cette ressource. En effet, l’eau de pluie filtrée est récupérée dans une cuve qui alimente douche et lavabo. Cette « eau grise » s’en va ensuite irriguer les plantes de la serre avant d’être encore une fois récupérée pour les toilettes. Pour finir, l’« eau noire » est conduite vers des bassins de phytoépuration d’où elle arrosera des plantes à la production non comestible. Ce cycle ingénieux permet une visée autarcique et surtout l’optimisation de la ressource vitale qui deviendra la matière première rare des décennies à venir.

Hormis ces 4 avantages, il y a certainement beaucoup d’autres raisons qui charment les amateurs d’earthships. Si tu en as d’autres, n’hésite pas à nous en faire part dans les commentaires en bas de page.

L’earthship : une révolution bioclimatique ou pas ?

Si tu suis ce blog depuis ses débuts, tu ne seras pas passé à côté de mes vidéos sur le bioclimatisme. C’est très bien, car avec les earthships, c’est l’occasion rêvée de procéder à une petite révision.

Des avantages écologiques indéniables

En effet, ces maisons fonctionnent selon tous les principes du bioclimatisme contemporain. Elles sont, sur le papier, tout simplement hallucinantes !

Voici quelques atouts extraordinaires de ces autoconstructions atypiques :

  1. Les serres solaires reliées à des systèmes de ventilations naturelles pour capter les calories solaires en hiver permettent la culture de plusieurs types de légumes, fruits et fèves tout au long de l’année.
  2. L’utilisation de l’inertie du sol, pour se prémunir des grandes chaleurs et des grands froids, avec des bâtiments semi-enterrés.
  3. Une ventilation optimisée, circulant notamment à travers des canalisations souterraines, tempère l’air intérieur en toute saison.
  4. L’orientation au sud accompagnée de grandes baies vitrées ou de serres pour maximiser l’ensoleillement et réduire la consommation d’énergie.
  5. Les panneaux solaires comme système solaire actif pour transformer le rayonnement en énergie électrique.
  6. Les murs capteurs comme système solaire passif pour emmagasiner les calories et les restituer progressivement dans l’habitat.
  7. Les éoliennes qui convertissent la force du vent en énergie…

géonef earthship

Mais ce que les earthships ont intégré de plus, c’est un système de récupération d’eau de pluie et de réutilisation constante de cette ressource. En effet, l’eau de pluie filtrée est récupérée dans une cuve qui alimente douche et lavabo. Cette « eau grise » s’en va ensuite irriguer les plantes de la serre avant d’être encore une fois récupérée pour les toilettes. Pour finir, l’« eau noire » est conduite vers des bassins de phytoépurassions d’où elle arrosera des plantes à la production non comestible. Ce cycle ingénieux permet une visée autarcique et surtout, l’optimisation de la ressource vitale qui deviendra la matière première rare des décennies à venir.

autonomie en eau eartships géonef

Une réponse aux 5 besoins primordiaux de l’Homme

assurés par les earthships

Pour Mike Reynolds, l’être humain possède 5 besoins primordiaux. Ceux-ci devraient selon lui pouvoir être accessibles gratuitement et si possible, comblés par notre habitat. Ces besoins sont les accès à :

  • l’eau ; 

  • l’énergie ;

  • un toit ; 

  • la nourriture ;

  • la sécurité. 

Pour l’amour, on se contentera de le négocier avec un être vivant :).

C’est sur la base de ces nécessités qu’il a conçu ses vaisseaux terrestres. Même si le mouvement qu’il a lancé n’a pas encore impacté la face du monde comme on pourrait le souhaiter, son utopie est portée par une communauté grandissante et de plus en plus représentative… enfin, pour moi ! 

géonef earthship

Article complémentaire pour plonger dans le sujet : 

Construire une maison en chanvre

Alors les earthships, rêve ou réalité ?

À ce jour, je ne peux pas te dire ce qui cloche dans cette conception architecturale pour expliquer son non-adoption, n’est-elle pas :

  • adaptée à la majorité des climats ? 

  • Garante de bilan énergétique positif ? 

  • Fédératrice pour des centaines de passionnés ? 

  • Une œuvre d’art habitable ? 

  • La réalisation d’un rêve heureux ? 

  • Une création low-tech, donc à portée de tous, de systèmes constructifs ?

Peut-être que les earthships sont simplement considérés comme des cases à hippies… Soit ! Néanmoins, je rejoins Mike Reynolds sur le fait que les normalisations à outrance, bien que partant d’une préoccupation réelle, finissent par enfermer et limiter les avancées.


En n’autorisant que les innovations proposées par les grands groupes ayant pignon sur rue, on oublie que les éruptions de créativité profondes — celles qui permettraient de changer le monde favorablement — sont principalement le produit de ceux qui réfléchissent hors des cadres imposés. Et au-delà même des cadres imposés, le fonctionnement de systèmes aussi massifs que ceux des industries possède des marges de pivot si faibles, qu’ils valorisent souvent le pratique au détriment de l’idéal. Pour ce qui est du bon sens, il est généralement dicté, peu ou prou, par les résultats financiers.

C’est pourquoi je souhaite aller me renseigner et identifier les raisons qui peuvent bloquer le développement de ces projets en France. L’hexagone ne compte qu’une quinzaine de ces habitats 100 % autonomes. Si tu as déjà ta théorie sur le sujet, laisse-moi ton commentaire dans l’espace dédié ci-dessous. Quoi qu’il en soit, j’ai décidé de publier prochainement un deuxième article sur les earthships qui expliquera pourquoi les choses n’avancent pas et si elles semblent enclines à avancer un jour.
géonef earthship


En attendant le jour merveilleux de la parution de ce deuxième article, tu peux aller kiffer la life sur ma page Facebook et télécharger mon fascicule sur la terre crue, tu verras, il est sympa. Et comme il est gratuit, c’est satisfait ou remboursé ! : D

Au plaisir !


Pour aller plus loin:

Pages Facebook:

Earthship en France

     La Construction Écologique est un sujet important pour toi ?  👉🏻

Partage facilement cet article à tes amis !     

Découvre 40 recettes de peintures et enduits écologiques :

  • QUEQUET ERIC dit :

    Très bien ton article, j’avais déjà entendu parlé et vu qques reportages la dessus…mais pourquoi n’y en a t’il pas plus ?

    biz

    • Eco.didaqt dit :

      Slt Eric, c’est bien la question que je me pose. J’ai déjà quelques éléments de réponses que je développerai dans un prochain article. Pour ne pas être trop partial, je préfère d’abord me mettre en contact avec quelques CAUE (Conseil d’architecture, d’urbanisme et d’environnement) et quelques admin de groupes sur le sujet. Bon dimanche! :)

  • Merci pour ce Bel Article, Complet et très instructif !
    Dans le même principe de la construction avec des matériaux de recup’ vous avez « Justo Gallego Martínez » qui à décider de construire une cathédrale en matériaux de récupération dans la banlieue de Madrid !! Si seulement on revenait au fondamental !! Faire des choses de ses mains !!

    • Eco.didaqt dit :

      Bonjour Judith, je ne manquerai pas daller jeter un oeil au travail de Justo Gallego Martínez :) passe de bonnes fêtes vertes!! ;)

  • Bonjour, je découvre l’earthship avec cet article, et ça me fait penser au travail de Teddy Cruz !
    Je réfléchis donc à pourquoi ce n’est pas développé en France : est ce que des immeubles, des habitats contenant plusieurs logement ont déjà été construit ? En cherchant des images, on ne voit que des bâtiments en plein pied, voire R+1, ce qui pourrait expliquer le fait qu’on n’en voit pas plus en ville (il faudrait pouvoir construire des résidences d’habitation).
    Je pense à autre chose : l’idéal commun est plutôt d’optimiser au maximum l’espace de vie dans un bâtiment, donc réduire le plus possible l’épaisseur des murs. Ce qui semble en contradiction avec ce système ! (le béton répond très bien à cet idéal par contre.. :/ )
    Voilà juste une petite pierre à l’édifice de la réflexion ! Merci pour votre travail !

  • Bonjour, Je suis très intéressée par votre concept et j’aimerais faire un prototype chez moi d’un mur en bouteille de PET (L : 15m; largeur ou épaisseur : 2 bouteilles de PET 50cl; H : 1.5m). Je pense à un cadre en bois dans laquelle je viendrais mettre des bouteilles en PET remplie de sable. Mais quel liant mettriez vous entre les bouteilles pour les solidariser les unes aux autres et en faire un mur ? je cherche un mode d’emploi pour maçonner ces bouteilles (pour se passer du ciment, peut-on imaginer du torchis ou mélange terre-argile ?). Pouvez vous m’aider ? Merci et Bravo pour votre site.

    • EcoDidacte dit :

      Bonjour Myriam,

      Oui, tout à fait, le torchis, le terre-sable ou le chaux sable sont des mortiers tout à fait adaptés 🙂

      Par contre, remplir les bouteille de sable leur fera perdre un peu de leur utilité.

      Elles deviendront moins isolantes mais plus inertielles et plus lourdes pour la structure. C’est selon ce que vous recherchez.

      Il n’y a pas vraiment de mode d’emploi à ce que je sache. Vous devrez les maçonner comme des briques ou du bois cordé.

      Amusez-vous bien 😀

      Gautier

  • Me llamo Dinorah, me encantaría que me construyeran una nave tierra en Valparaíso Chile. Quisiera saber cómo contactar a los grupos que las construyen y cuánto debería tener para construir una con 4 dormitorios 2 baños, cocina, living comedor.

  • Il ya plusieurs exemples de constructions EARTHSHIP très réussies sur les videos Youtube de la chaine ArchiPelle. Autonomes et agreables à vivre …;

  • {"email":"Email address invalid","url":"Website address invalid","required":"Required field missing"}
    >