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Remontées capillaires | Comprendre le problème 

On pourrait se dire que les remontées capillaires sont à l’œuvre depuis la nuit des temps.

Ce n'est pas faux !

Seulement cet article démontre pourquoi cette pathologie n'a jamais été aussi actuelle.

En particulier dans les maisons anciennes.

Tous les problèmes d'humidité, de salpêtre et leurs conséquences pourraient être évités avec une vision globale du bâti et des phénomènes naturelles.

C'est ce que je propose modestement dans ces quelques chapitres.


Remontées capillaires: la réglementation

Que nous disent les DTU sur la gestion des remontées capillaires ?

Remontées capillaires

Pendant longtemps, la règle constructive concernant de la coupure de capillarité se limitait à justifier d'un chaînage en béton armé.

En façade par contre, l'enduit devait s'arrêter à un minimum de 15 cm du sol fini.

Cela posa des problèmes esthétiques liés à la coupure de l'enduit.

Depuis 2008 le NF DTU 20.1 a évolué et l'enduit peut maintenant être descendu au niveau du sol.

Cependant, il doit obligatoirement être fortement dosé en liant hydraulique ou être à très faible capillarité.

(Pour cela, on peut bien sûr faire aveuglément confiance à la pétrochimie)

En complément, il doit être mis en œuvre une coupure capillaire de 2 cm de béton hydrofugé ou une bande de feuille bitumineuse armée ou une feuille élastomère.

Cette coupure capillaire sera élevée, dans la majorité des cas, à 15 cm du sol fini.


Dans la pratique

Remontées capillaires maison neuve

@metriconsult


La conséquence de l'abaissement de l'enduit jusqu'au niveau du sol est l'apparition d'auréoles et d'efflorescences de sels sur ces parties d'enduits.

Ils sont ainsi voués à se dégrader prématurément et se fragiliser.

Cela, alors même que ni le mur, ni le pied de mur ne soient exposés à la pluie battante ou ruisselante.

C'est un des désordres typiques du bâti récent.

Malgré tout, dans la pratique, le système de coupure capillaire est relativement efficace et on observe peu de remontées humides persistantes dans les murs des maisons neuves.

Mais ça, c'est pour les maisons neuves !


Le bâti ancien c'est une autre histoire

Dans le bâti ancien, inutile d'envisager de refaire le chaînage des fondations en y ajoutant la rupture capillaire obligatoire dans le neuf.

Aussi, dans le bâti ancien les murs sont poreux...

...Que faire, alors ?

Pour bien comprendre la complexité du problème, il est important de comprendre le mode de construction des bâtiments dits « anciens ». Ceux qui fêtent plus d'un siècle d'existence.

A l'époque, avant de bâtir on creusait souvent un puits aux abords du chantier.

Celui-ci avait pour fonction d'alimenter en eau les futurs propriétaires, bien entendu.

Seulement cela n'était pas sa seule fonction.


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L'utilisation du puits

La réalisation du puits avait une utilité technique en amont de la construction de la maison.

Le puits servait à évaluer la profondeur du niveau de l'eau liquide dans le sous-sol.

Cela permettait de savoir jusqu'à quelle profondeur il était raisonnable de creuser pour la construction.

Bien que ce niveau d'eau (appelé zone aquifère) variait selon les saisons et la hauteur de la nappe phréatique, il restait un indicateur fiable.

Ainsi, il était possible d’envisager la réalisation d'une cave sans avoir peur de se retrouver les pieds dans l'eau.

Grâce aux puits, les riverains étaient garantis de pouvoir engager les travaux de leurs maisons sans craintes de remontées capillaires incontrôlées.

Remontées capillaires

@metriconsult

 

Remontées capillaires et cycle de l'eau

Dans mon article "Salpêtre | 6 solutions naturelles et efficaces !" (hautement utile et informatif comme tu t'en doutes :), je dédie un court chapitre eaux remontées capillaires.

Voyons donc de quoi il en retourne plus exactement.

Le cycle de l'eau

L'eau est un élément fondateur qui fascine la plupart des physiciens. Il est couru en 2018, de penser avoir percé tous les mystères de la nature. Pourtant l'eau interroge encore plus qu'elle ne se livre.

D'ailleurs, penserais-tu qu'elle est dangereuse pour l'environnement et la santé si je t'annonçais que :

  • Elle est un composant majeur des pluies acides
  • Elle contribue massivement à l'effet de serre
  • Elle est asphyxiante et mortelle quand inhalée accidentellement
  • On la retrouve en quantité significative dans les tumeurs cancéreuses.

Bref, trêve de plaisanterie...

L'eau reste donc un élément relativement « sauvage » dans le champ scientifique.

Sous forme liquide, l'eau descend sous la pression de la gravité.

Par contre, sous forme de vapeur, l'eau n'est pas assez lourde pour descendre, alors elle gravite.

Ici, je joue avec les mots pour dire que les molécules d'eau libres montent inexorablement pour rejoindre l’atmosphère.

Le mot important ici est « inexorablement », et les professionnels du bâtiment le savent bien.

Retenons que dans la construction, ces molécules d'eau trouveront toujours un chemin facilitant (dit aussi chemin « de moindre résistance ») pour les aider à rejoindre l'atmosphère.

C'est ainsi que, à partir du sol, elles traversent les murs anciens dépourvus de coupure de capillarité tout comme elles s'infiltrent dans la sève des arbres.

Ce faisant, ces molécules d'eau finissent immanquablement par retrouver le grand air.

La suite tout le monde la connaît : stagnation dans la troposphère, cumulonimbus, 15km de haut, 3 millions de litres d'eau, collision des gouttelettes d'eau surfondues, précipitations, infiltrations dans les zones aquifères et c'est reparti pour un tour.

Cela fait partie du cycle de l'eau.

Et oui, ils avaient oublié d'inclure ta maison dans les schémas de l'école primaire :)

remontée capillaire

Remontées capillaires et effets de mêche


Les remontées capillaires

Ce qu'il est intéressant d'observer ici, c'est que « l 'effet de mèche », qui absorbe le liquide comme un sucre absorbe le café, n'est pas la seule forme de remontées capillaires dans les murs anciens.

L'effet de mèche opère principalement en surface, avec les eaux de ruissellement.

Pour le reste des remontées, il se trouve que la circulation des molécules d'eau par capillarité s'effectue, dans la grande majorité des cas, sous une forme non liquide.

C'est donc la pression atmosphérique qui provoque la majeure partie des remontées capillaires par « sussions » des molécules d'eau sous forme de particules libres.

Quelle différence cela fait-il ?

Presque aucune, sauf que cela explique que le fait de sonder la surface d'un sol ne permet pas toujours de démontrer l'absence de remontées capillaires.

Un sondage pourrait, par exemple, n'indiquer aucun désordre humide particulier et pourtant mes murs seront maculés de taches d'humidité.

Bizarre, bizarre, …

Mais peut être que la bonne question à se poser est celle-ci :

L'humidité est-elle vraiment le problème quand on parle de remontées capillaires ?

Remontéées capillaires

 

Pourquoi l'humidité serait-elle problématique ?

Il est facile de comprendre pourquoi une surcharge d'humidité peut avoir des conséquences négatives dans certains cas.

Je pense notamment aux murs en terre crue (pisé, bauge), en terre-bois (colombages) ou en paille (1er petit cochon).

Mais pourquoi les maisons en pierres ou en briques devraient-elle craindre l'excès d'humidité puisqu'en théorie cet excès est séché par les vents à court ou à moyen terme ???

De plus la pierre et la brique étant imputrescibles, ce ne sont pas quelques particules de Contrex primitives qui vont les faire trembler.

… Et bien si, la pierre et la brique finissent pourtant par trembler !


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Faisons le mur

Je suis le sel de la terre

 

« Je suis le sel de la terre »

Houlalaa... elle ne m'inspire pas que du bon cette parabole.

Dans le bâti ancien les molécules d'eau ont généralement quitté les murs à un mètre du sol.

Cela est rendu possible par l'enduit perspirant habillant ces derniers.

En quittant le mur, ces molécules d'eau y déposeront une charge encombrante.

Durant leur voyage des tréfonds de la terre, les particules d'eau se sont chargées en sels minéraux (comme dans la pub).

Ces différents sels hygroscopiques seront pieusement abandonnés à la surface des murs.

C'est là où les choses se gâtent !

Ces sels, dont le salpêtre est un exemple, sont destructeurs à moyen et long terme. Ils attaquent :

  • Les liants dans leur structure (rendant les joints des pierres et les enduits friables)
  • Les minéraux poreux (brique, molasse, tuffeau, …)
  • Les peintures et papiers peints
  • Les métaux (même galvanisés)
  • etc..
Remontées capillaires

En somme, ils réagissent chimiquement à pratiquement tout et en général l'addition est… salée. (Bravo !)

Maintenant, quand tu verras des auréoles blanchâtres sur un mur ; quand tu verras des pieds de maçonnerie dont les joints ont disparu ; quand tu verras des trous inexpliqués sur certaines zones d'un enduit, tu pourras être certain que c'est l'action des sels et non celle de l'eau.


Les remontées capillaires « humaines »

Mais les remontées capillaires ne sont pas que la spécialisation des forces de la nature.

L'homme a également tenu à avoir son petit rôle à jouer. Et on peut dire qu'il a excellé à travers des prouesses pour le moins inattendues.

J'ai mentionné plus haut dans cet article qu'en théorie, les remontées capillaires du bâti ancien étaient évacuées par les murs avant d'atteindre 1 mètre au-dessus du sol.

Mais le mur n'était pas le seul moyen de permettre ce cycle de l'eau.

Dans le bâti ancien, d'autres éléments constructifs facilitaient également ce phénomène de « retour à atmosphère ».

Je pourrais citer entre autres :

  • Un terrain extérieur perméable
  • Un sol de cave en terre battue
  • Une aération de la cave par un soupirail
  • Des voûtes de la cave perspirantes
  • Un sol du plancher rdc en tommettes
  • Des menuiseries moins étanches qu'aujourd'hui
  • Un poêle à bois permettant un séchage sain
Remontées capillaires 5

@metriconsult


Mais voilà, les choses ont changé.

La manière de vivre, la qualité des matériaux et la façon de les mettre en œuvre à beaucoup évolué depuis Vercingétorix.

Le problème étant que si les modes d'habiter ont rapidement changé; les maisons, elles, sont encore celles qui abritaient nos grands-parents.

La conséquence se traduit par une incompatibilité entre les maisons d'hier et les travaux d'aujourd'hui.

De nos jours on retrouve :

  • Des terrains étanchés par des enrobés, du bitume ou des dallages
  • Des dalles béton dans la cave
  • Des soupiraux bouchés
  • Des sols intérieurs en carrelage sur dalle béton
  • Des chauffages électriques
  • Des enduits extérieurs étanches
  • Des parements intérieurs en Placo cachant souvent du polystyrène ou des enduits au ciment

Le premier résultat de ces dallages étanches est une orientation des remontées capillaires vers des murs anciens restés poreux (rappelle-toi que l'eau suivra « inexorablement » son ascension).

Ensuite, à cause des enduits imperméables, l'humidité atteint des sommets encore jamais atteints dans le passé.

Je le prends sur le ton de la rigolade mais c'est une pathologie on ne peut plus sérieuse.


Remontées capillaires 2 1  Les sels sont montés à plus de 2 mètres du sol   @Metriconsult


S'en suivent généralement des décollements d'enduit par plaques entières, des agressions aux sels sur toute la hauteur du mur, des pourrissements de solivages en bois.

Je ne parle même pas de la dégradation de la qualité de l'air intérieur ou du développement des bactéries et des moisissures.

Ah si, j'en parle dans « Une chambre d'enfant sans polluants ni allergie ».

On va tous mourir !

Ben quoi ? C'est vrai, non ?!?..

En guise de conclusion moralisatrice, je dirais que comme notre corps et notre cerveau ne semblent pas réussir à s'adapter à l'évolution frénétique des mœurs de la société moderne ; les maisons du bâti ancien verront leur fin anticipée si on n'apprend pas à ralentir l'utilisation aveugle de matériaux inadaptés.

A l'instar de la vapeur d'eau qui finira immanquablement sa course dans les nuages par le biais des remontées capillaires, nous finirons immanquablement par retourner 6 pieds sous terre après une chute capillaire.

Mon ami Eric définirait cet épilogue de « capillotracté », je répondrais que c'est précisément le sujet de l'article :)

Au plaisir.



Crédits photos : présentation de Georges Montgobert http://www.metriconsult.com

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  • Bonjour Gautiier;
    Merci pour cet article, hyper intéressant,mais aussi bien documenté, accessible,et agrémenté de ton humour.
    Très cordialement.
    Michel.

  • Patrick15 dit :

    J’ai lu l’article avec intérêt mais je m’interroge toujours sur mon cas personnel :
    Des remontées capillaires de ma maison se concentrent principalement sur un mur intérieur en parpaings pleins (qui semblent être de véritables éponges !) ; ce mur sépare la partie habitée de l’ancienne bergerie où a été coulée une dalle béton et dont les murs extérieurs sont également recouverts d’un enduit ciment.. je projette donc de piquer l’enduit ciment du mur extérieur sur 1 m de hauteur, de drainer tout le long de la maison et de piquer la dalle intérieure sur une longueur de 3 m du mur humide.
    Puis-je remplacer la dalle par des tomettes sur une chappe de béton à la chaux et cela sera-t-il suffisant ou vaudrait-il mieux que je détruise mon mur en agglos bruts pour les remplacer par des agglos creux ou des briques creuses (ou autres) sur une hauteur de 1.5 m environ ?
    Merci d’avance pour vos conseils.

    • Eco.didaqt dit :

      Salut Patrick,
      Vraiment difficile de répondre. Changer les agglos plein pour des briques creuses serait une vraie gageure parce que je ne sais pas si le problème ne finira pas par se reproduire.
      Piquer l’enduit cimentextérieur ne sera pas utile sur un mur en parpaing :/
      Dainage extérieur, ok !
      Virer la dalle ciment, ok ! Ou alors juste sur le pourtour de la pièce pour désolidariser la dalle ciment des murs et permettre une remntée capillaire avant le contact avec le mur.
      Chape à la chaux c’est compliqué.
      Idéalement, faire un hérisson de galet avec une ventilation naturelle + géotextile + lit de sable dammé + barbotine de Chaux aérienne + Tommettes.
      Bon chantier et bonne année !
      Gautier

  • Patrick15 dit :

    Merci pour la réponse..
    J’ai déjà cassé la dalle tout le long du mur en parpaings pleins sur 15 cm de large et il me semble que cela a un peu réduit l’humidité..
    Autre problème, la hauteur de la pièce (environ 1.85 m) ; la dalle ne fait que qq cm d’épaisseur (3 à 5), donc si je la casse, il faudrait que je la remplace par un sol de 8 cm maxi ; existe-t-il des résines naturelles pour le sol ou une chappe sèche (granulats d’égalisation + plaques de Fermacell) peut-elle s’envisager ?

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