Dans le milieu de l'autoconstruction et des éco-écodidactes, tu entends régulièrement résonner le terme “Formation OPEC”. Mais au-delà des échos, que recèle concrètement cette formation tant discutée ? OPEC est l’anagramme de “Ouvrier Professionnel en Eco-Construction” (ou OEC comme disent les jeunes…Eh oui, les temps changent.). Même si Faisons-le-Mur a déjà abordé le sujet, prenons le temps de reposer les bases de cet apprentissage dans cet article.
Nous aborderons les interrogations fréquemment soulevées : à qui s'adresse précisément ce parcours ? Est-elle accessible à tous ? Quelles compétences spécifiques peut-on y développer ? Enfin, nous explorerons les perspectives professionnelles et les niveaux de rémunération envisageables à la suite de l'obtention de cette qualification. (Eh oui frère, elle est où la moula ?)
Témoignages d’anciens et futurs OPECiens
Salut, moi c’est Julien à l’heure où j’écris cet article j’ai 34 ans et je travaille dans le milieu de la mesure industrielle (pas forcément écolo tout ça…). J’ai depuis plusieurs mois / années un attrait profond pour tout ce qui se rapproche de près ou de loin au bâti ancien et notamment écologique.
Mes différentes recherches m’ont amenées à contacter et rencontrer divers acteurs de ce domaine dont Gautier qui promeut et développe ce super site qu’est Faisons-le-Mur.
Les différents sujets liés autour de la construction sont de nos jours des sujets de premier plan, l’industrie de la construction étant la troisième plus polluante en 2023.
Bien que d’autres sujets soient très intéressants, nous avons tous nos petites préférences et pour ma part, c'est celui du bâtiment.
J’ai pu approcher par le passé le milieu de la maçonnerie traditionnel et tout son lot d’adjuvants, solutions miracles, rapides et autres termes qui, finalement, appliqués sur nos bâtis anciens, se révèlent être de véritables destructeurs.
Donc, si toi aussi, tu partages un point de vue similaire (même s’il est un peu différent, je peux le tolérer 😂), que tu souhaites changer de voie, que tu veux exercer un métier qui a du sens pour toi et que tu cherches une formation pour y parvenir, tu es au bon endroit et je dirai même plus, sur le bon article !
Cet article est rédigé à la suite d’un appel de groupe entre des anciens et de futurs OPECiens.
Pierrick et Robin sont tous les deux des “anciens” OPEC et ont partagé leurs expériences respectives à Anna et Gaëlle qui sont toutes deux vivement intéressées par ce parcours, mais, pleines d’hésitations.
Pierrick
Ancien OPEC
Gaëlle
Aspirante OPEC
Robin
Ancien OPEC
Anna
Aspirante OPEC
Expérience nécessaire pour rejoindre l’OPEC
Tout d’abord, cette formation s’articule autour de 4 modules :
- Maçonnerie
- Construction ossature bois-charpente
- Maçonnerie terre
- Isolation biosourcée - Finitions
➡️ Lien vers le programme détaillé.
Autant dire qu’elle regroupe beaucoup de sujets en lien avec le sujet de l’éco-construction.
L’une des premières questions qui a été soulevée durant l'entretien a été de savoir quels étaient les profils attendus dans ce parcours ? Faut-il avoir déjà été du milieu de la construction traditionnelle, un excellent bricoleur ou bien peut-on être totalement novice et avoir pour seule compétence sa volonté d’apprendre ?
Pierrick était, il y a encore quelques années, éducateur sportif, ça donne déjà un petit indice, non ? Sur ce point, et dès le début des échanges, les craintes ont été balayées, car, rares sont les formations dans lesquelles des gens “compétents” sont attendus avant de commencer, n'est-ce pas ?
On ne demande pas avant une formation de menuiserie de savoir construire un meuble… 🙄
Les mois d'apprentissages sont dédiés à transmettre les savoirs faire de base à chacun des participants afin de pouvoir appréhender sereinement les différents aspects de l’écoconstruction.
Attention, je ne dis pas que tout le monde va devenir un cador dans une des spécialités du parcours. Celui-ci permettra à chacun d’avoir un aperçu de ce qu’il lui plaira ou non et ensuite parfaire sa spécialisation s’il le souhaite après la formation.
Il est cependant possible et même conseillé de faire des chantiers participatifs en amont qui permettent d’avoir un petit bagage avant d’entamer l'initiation.
Les femmes dans l’éco-construction
La seconde grande question concerne la gent féminine dans le milieu du bâti ancien, même s’il est écologique et plein de bienveillance ^^.
Pierrick et Robin ont été tous les deux durant leurs formations avec des femmes.
Peut-être qu’à une époque, les conditions de travail faisaient que l’accès à ce type de métier était plus compliqué pour les femmes.
Désormais, Pierrick et Robin ne voient pas de soucis, notamment avec l’avancée des nouvelles technologies et les améliorations dans les conditions de travail au 21ᵉ siècle.
Les femmes ont toujours démontré une grande détermination, alors pourquoi ne serait-il pas possible pour elles d’entrer dans ce merveilleux monde qu’est celui de la construction écologique ?
En soi, ce n’est pas vraiment le genre, mais bien la détermination dont vous ferez preuve qui fera que vous y arriverez ou non, d’autant plus si vous avez bien réfléchi à votre projet et que vous avez établi une stratégie cohérente avec vos objectifs.
Voulez-vous rester dans le salariat, mais dans un milieu dans lequel vous trouvez du sens ? Ou bien, voulez-vous vous lancer dans l’entrepreneuriat ? Quel type de métier dans la construction, souhaitez-vous pratiquer ? Voulez-vous travailler seul ou en équipe ?
Autant de questions qu’il faut se poser pour ne pas se prendre un mur (à base de chaux bien sûr…). Voici quelques ressources pour approfondir le sujet :
Devenir artisan ou ouvrier professionnel en écoconstruction ?
En toute transparence, la formation OPEC permet à bon nombre de participants de pouvoir intégrer le milieu de l’écoconstruction. Pierrick et Robin ont également le même ressenti et ont choisi deux voies différentes à la suite de l’obtention de leurs diplômes.
Travailler dans une entreprise
Pierrick a décidé d’être du côté du salariat afin d'engranger de l’expérience et par la suite se lancer potentiellement en tant qu’artisan.
Il a débuté en CDD chez un artisan spécialisé en pisé dans la Drôme et ’il travaille maintenant en tant qu’ouvrier gros œuvre / second œuvre dans le sud de la France.
Tout dépend du tissu économique local
Selon lui, l’activité varie énormément d'une région à une autre, par exemple la Bretagne étant en pleine expansion au niveau de l’écoconstruction alors que sa région voisine, la Normandie, n’est pas développée sur cet aspect.
Pierrick a décidé en parallèle de son activité de s’inscrire à la formation sur les enduits intérieurs de Faisons-le-mur, car il souhaitait développer cet aspect qu’il ne peaufine pas dans son entreprise actuelle.
Notre milieu est tellement varié, pourquoi diable se limiter à une seule discipline ?
Se mettre à son compte
Robin nous explique qu’il lui a été très vite demandé après son parcours s’il avait un statut qui lui permettait d’être embauché sur différents chantiers aux quatre coins du pays.
Être auto-entrepreneur offre de multiples avantages dont les principaux sont de travailler sur les chantiers que l’on souhaite, sur des sujets particuliers.
Cela n’empêche en aucun cas de se regrouper avec d’autres auto-entrepreneurs afin de partager des chantiers, bien au contraire, chacun pouvant avoir une spécialité sur un chantier nécessitant diverses compétences.
Dans cette vidéo, Yannick Roudaut, formateur à APLOMB nous dévoile les dessous de la formation OPEC
Vivre la saisonnalité de la construction écologique
Il poursuit en nous expliquant qu’il aime la saisonnalité dans l'écoconstruction, enduit l’été et maçonnerie/ossature bois l’hiver tout en ajoutant que le diplôme ainsi que le milieu du bâti écolo sont très variés et permettent d’approcher une multitude de savoir-faire.
Il indique d’ailleurs que différentes périodes de stage après chaque module sont prévues dans la formation et qu’il lui a été très facile de trouver des entreprises grâce aux carnets d’adresses des centres de formation et du fait que les entreprises étaient vraiment demandeuses de main d'œuvre comme les stagiaires de formation OPEC.
Ce qui a poussé Robin à être auto-entrepreneur c’était avant tout son envie d’indépendance, il veut être libre de choisir ce qu’il veut faire, il lui a rapidement été possible de travailler avec d’autres éco-constructeurs et d’accompagner des particuliers sur des projets de construction.
Quel salaire dans l’éco-construction ?
Est venu ensuite la question fatidique, le nerf de la guerre… LE SALAIRE…
Nos deux intervenants partagent deux expériences différentes sachant que l’un est salarié et l’autre auto-entrepreneur.
Les salaires pourront être certainement moins intéressants si vous prenez la décision de vous lancer chez un patron que si vous volez de vos propres ailes.
Par exemple, chez un patron, vous vous en sortirez bien avec environ 1800€ par mois pour 40 à 45 heures de travail hebdomadaire. À votre compte et avec une bonne organisation, il est possible de doubler ce revenu.
Cependant, ce que Robin a très bien décrit, c’est que certes le salaire en tant qu'indépendant est plus intéressant, mais que les cotisations chômage et retraites sont quasi nulles ou bien inexistantes.
Comme dans chaque domaine de notre vie, il y a toujours du bon et du moins bon, tu verras dans le petit tableau ci-dessous un aperçu des différents aspects pour chaque situation :
Statut | ✅ Avantages | ❌ Inconvienients |
---|---|---|
✅ Revenu régulier, avantages sociaux (assurance, retraite), sécurité de l'emploi. | ❌ Seuil de revenu limité. | |
Salarié | ✅ Congés payés, protection juridique, régulation des horaires. | ❌ Moins de flexibilité dans les horaires, contraintes de présence physique. |
✅ Formations internes, possibilité d'évolution au sein de l'entreprise. | ❌ Peu de contrôle sur ses tâches et projets, directives externes, hiérarchie. | |
✅ Possibilité de gains plus élevés, liberté de gestion, revenus potentiellement illimités. | ❌ Risque d'instabilité financière, revenues fluctuants, pas de protection d'emploi ni de congés payés. | |
Entrepreneur | ✅ Contrôle total de sa croissance professionnelle, possibilité d'apprentissage varié et rapide. | ❌ Responsabilités multiples, charge de travail élevée, stress lié à la gestion et à la performance de l'entreprise. |
✅ Flexibilité des horaires. | ❌ Une disponibilité 24/7, nécessité de s'investir fortement. |
L’importance du réseau en formation OPEC
Tout d’abord, avant de parler d’avenir de la construction écologique, nous n’avons pas encore évoqué le fait de savoir développer son réseau pour travailler et perdurer.
Avoir un réseau passe de nos jours par la numérisation et l’utilisation de nouveaux outils (souvent numériques) tels que les réseaux sociaux. Comme le mentionne Robin, il est tout à fait possible de faire des cartes de visite et les distribuer pour se faire une clientèle, mais pour se battre à armes égales avec les industriels, nous devons utiliser ce qui est à notre portée.
C’est également ce qu'essaye de faire Gautier avec Faisons-le-Mur, mais il existe aussi des réseaux nationaux tels que Twiza qui est spécialisé dans les chantiers participatifs.
➡️ Un petit exemple de chantier participe auquel je participe.
Quelles perspectives pour les qualifiés en écoconstruction ?
De nouveaux métiers émergent et d’autres vont être créés dans les années à venir avec la nouvelle norme RE2020 qui va rendre obligatoire le bio sourçage des matériaux utilisés dans les constructions, certains industriels ont d’ores et déjà commencé une transition afin de former du personnel ou bien cherche de nouveaux profils tels que ceux issus de la formation OPEC.
Les alternatives à l’OPEC
D’autres formations en lien avec le bâti ancien sont proposées à l’heure actuelle. Des enseignements tels qu'ouvrier professionnel en restauration du patrimoine, maçonnerie en terre crue, chef d’équipe en performance énergétique du bâtiment et bien d’autres sont possibles.
Divers organismes comme la fédération Écoconstruire, le CNCP ou bien l’ASDER proposent ce type de formations.
Alors, tu te lances ?
Te concernant, je ne sais pas, mais nos deux aspirantes à la formation, nous livrent leur sentiment quelque temps après notre échange :
Gaëlle
Ma décision avance doucement, mais sûrement. J’ai validé les entretiens d’admissibilité à la formation OPEC au CNCP (Montargis) mais pour me conforter dans mon choix de reconversion, je souhaite me confronter à la réalité du métier en intégrant ce week-end un chantier participatif grâce à la plateforme TWIZA.
Anna
Pour ma part, je ne suis toujours pas convaincue de vouloir faire du “gros œuvre”- la formation OPEC semble très bien pour aider “à se rendre compte”, mais ce que a été dit lors de notre échange fait son chemin et j’ai repensé aux solutions du type “chargé.e de projet énergie et bâtiment durable”. J’ai envie de creuser un peu cette voie, de voir si ça pourrait me correspondre et me plaire malgré le fait que ce n’est plus de l’artisanat. Mon second plan serait de faire des formations sur les enduits, la mosaïque, le tadelakt… des choses que j’ai vraiment envie de faire, mais qui, seules, risque d’être difficilement rémunératrices d’après ce que j’ai compris de notre échange.
Pour conclure, notre secteur est en pleine expansion et la formation OPEC offre de nombreux avantages et de belles perspectives à qui voudrait y mettre toute son énergie, ce qui, je n'en doute pas, fait que tu es venu sur ce site et a lu cet article.
En te souhaitant une belle journée et un avenir plein de projets écologiques.
Si tu as, toi aussi, des questions ou si comme Pierrick, Anna, Robin et Gaëlle, tu voudrais participer à un appel de groupe pour souffler ces vilains nuages de ton esprit ? Alors dis-le-nous tout de suite en commentaire.
Salut Julien, un grand merci pour ton article très agréable à lire et riche d’informations. Je me permets d’écrire ici parce que j’ai des nuages dans mon esprit comme tu dis. Je voudrais faire une formation dans l’habitat écologique mais je ne sais pas encore laquelle et dans quel domaine. A qui pourrais-je parler pour avoir un retour d’expérience ?
J’ai écouté attentivement le live avec Yannick Roudaut, et j’avoue que ça me motive bien bien!
Au plaisir d’échanger.
Raphaëlle
Bonjour, je ne suis pas intéressé par la formation Opec, je suis les formations en vue de m’instruire sur les enduits chaux chanvre en vue d’aider mon fils pour la rénovation de sa maison
Merci de vos bons conseils que je découvre au fur et à mesure des vidéos.
Je recherche principalement les quantités précises en vue de faire un mélange chaux chanvre idéal.
Ces mélanges doivent-ils être prépares à l’avance ( quelques jours en vue de rendre le mélange performant.
Je découvrirai probablement les réponses dans les vidéos futures.
Merci pour votre site et les bonnes informations.
Bonjour Bernard,
Merci pour votre commentaire. Je suis ravi de savoir que mes vidéos et conseils vous sont utiles pour la rénovation de la maison de votre fils.
Concernant vos questions sur les mélanges de chaux et chanvre, vous avez raison, la précision des quantités est cruciale pour obtenir un bon résultat.
Voici une recette que vous pourriez trouver utile :
– 35 kilos de chaux hydraulique naturelle,
– 60 litres de chènevottes,
– 38 litres d’eau.
Versez ces ingrédients tranquillement dans la bétonnière et laissez tourner lentement pendant 15 à 20 minutes pour éviter la formation de grumeaux. Pour des mélanges plus petits, un malaxeur planétaire peut être utilisé pour assurer un mélange homogène.
Il n’est pas nécessaire de laisser reposer le mélange plusieurs jours avant utilisation. Après avoir bien mélangé, l’enduit est prêt à être appliqué, permettant ainsi une bonne adhérence.
Je vous invite à visionner mon interview avec Hervé De Corninck sur le sujet (si ce n’est pas déjà fait) pour plus de détails et de conseils pratiques.
Merci encore pour votre soutien et bonne continuation dans vos projets de rénovation !