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Maison en pisé : comment la diagnostiquer ? 

Profitant d’un bilan environnemental exceptionnel, le pisé répond parfaitement aux nouveaux enjeux écologiques du bâtiment. Circuit court, très peu d’outils et de transformation, la terre damée est clairement un matériau d’avenir. Le hic, c’est que ce mode de construction en terre crue suscite de la perplexité et beaucoup de questions en cas de rénovation. C’est pourquoi j’ai intercepté Martin Pointet, architecte-constructeur et co-fondateur de la scop Caracol, à la sortie d’une conférence sur le sujet pour lui demander son avis. Il a gentiment accepté de nous livrer ses conseils pour diagnostiquer une maison en pisé et s’assurer de son bon état.


Mieux comprendre le pisé pour évaluer son état

Le pisé est le résultat d’un travail manuel de la terre. Cette dernière est compactée par blocs successifs entre deux panneaux de coffrage nommés « banches ». Elle est sélectionnée localement et provient généralement du site de construction. Question circuit court, économie d’énergie et cohérence avec l’environnement, on ne peut pas mieux faire !

Et ce n’est pas tout, en plus de soulager ta conscience écoresponsable, le pisé contribue à ton confort thermique et hygrométrique. Il promet une bonne gestion naturelle de la température été comme hiver et il favorise la régulation du taux d’humidité.

Si monter un mur en terre damée réclame un travail et une organisation que tout le monde n’est pas prêt à fournir, il existe des solutions préfabriquées qui facilitent grandement les choses. Si tu es curieux/curieuse, n’hésite pas à consulter mon article dédié au travail et aux recherches de Martin Rauch sur la terre banchée. Mais, en France de magnifiques bâtiments en pisé sont déjà présents, notament dans la région Auvergne-Rhône-Alpes. Donc si tu projettes de te lancer dans la rénovation de l’un d’entre eux, ce qui suit va probablement t’intéresser.

Grange en pisé

Grange en Pisé à Le pin

Diagnostiquer une maison en pisé en 2 étapes

Normalement, un soubassement en pierre rend le pisé apte à éviter l’humidité du sol malgré sa capilarité. Mais d’autres éléments peuvent modifier son équilibre hydrique et ainsi créer des zones de forte humidité. Le risque est alors maximum : c’est l’effondrement. Pour éviter cela, tu dois procéder au moins à 2 vérifications.

1-    Examiner les soubassements

Dans un premier temps, il faut savoir que le bas du mur en pisé est une partie naturellement humide, car elle est : 

  • proche des remontées capillaires ;
  • près des rejaillissements de pluie (gouttes qui rebondissent) ;
  • situé sur une zone où l’eau descend par gravité.

Puis, c’est aussi la partie la plus sollicitée mécaniquement, puisqu’elle porte tout le bâtiment qui se repose dessus. Dans ces conditions, un excès d’humidité peut devenir très dangeureux. Il se produit généralement à cause de 3 facteurs :

  1. une isolation inadéquate ;
  2. l’augmentation des apports en eau ;
  3. la diminution des voies d’évacuation de l’eau.

C’est pourquoi l’on retrouve les pathologies majeures du pisé le plus souvent au pied du mur. Il faut alors examiner la hauteur des soubassements. Et s’assurer que la maçonnerie en pierre soit suffisante pour protéger le pisé des problèmes d’humidité. Car cette partie doit garantir une efficacité semblable à des bottes de pluie. Mais attention, si les pieds des murs doivent être protégés, ils ne doivent pas être étouffés par un enduit complètement étanche comme le ciment. Car l’eau qui circule naturellement dans ce matériau poreux devra trouver le moyen de sortir. Donc, des bottes oui, mais respirante !

2-    Vérifier les sols

Dans un second temps, il est nécessaire d’observer :

  • les types de revêtements du sol ;
  • le rehaussement des sols.

Pour éviter que l’eau vienne se concentrer sur la base des murs, il faut veiller à ce que la nature des sols ne soit pas complètement étanche non-plus. Ces derniers doivent rester perméables à la vapeur d’eau. Au rez-de-chaussée, le carrelage est donc à éviter. Sa constitution trop peu poreuse fait barrière aux transferts d’humidité provenant du sol. Dans une construction en pisé, il vaut mieux opter, par exemple, pour de la tomette ou de la pierre naturelle jointée à la chaux.

En outre, une élévation du niveau du sol extérieur réduisant la hauteur des soubassements exposés à l’air, déséquilibre cette capacité à gérer les excès d’eau. Le but est de constamment vérifier que l’humidité ne va pas se concentrer dans le bas du mur. La teneur en eau d’un pisé sain, en équilibre avec l’atmosphère du logement, est d’environ 1 % à 3 %. En atteignant 4 % à 6 %, la terre banchée commence à prendre une couleur foncée. C’est très mauvais signe. Elle reste dure, mais la pathologie est déjà présente. .

Et les fissures ? Il est logique que ce phénomène puisse t’inquiéter. Pourtant, bien souvent, comparées aux points de vigilances précités, c’est une pathologie mineure et structurellement acceptable.

Maison pisé

Observer le résultat d’un mode de construction pour juger de sa pérennité

Alors le pisé : solide ou pas ? Le meilleur moyen de s’assurer de sa pérennité selon Martin, conférencier et formateur spécialiste du pisé, est de regarder les faits. Le temps nous montre que des maisons en pisé ont perduré 100, 300, voire 400 ans. Donc, le simple fait que des bâtiments en terre crue ont su traverser les siècles nous démontre leur résistance. Bien rénové, une construction en terre banchée est extrêmement durable. Lorsqu’un mur en pisé s’effondre, c’est qu’il a été victime de traitement inadapté au bâti ancien. Cela ne t’empêchera pas d’y apporter de la modernité. Tout est possible à condition de respecter l’équilibre des matériaux. Ce sera le doux prix à payer pour profiter d’une maison littéralement « sortie de terre ».

Pour conclure, j’espère que cet article rédigé à partir de l’intervention de Martin Pointet, membre du bureau d’étude BETerre, t’aura permis de savoir par où commencer pour diagnostiquer une maison en pisé. Si ce mode de construction attise ta curiosité, je t’invite à consulter mon petit guide de la terre crue en France. Je reste convaincu que cette technique d’architecture traditionnelle continuera d’être une source d’inspiration pour construire les habitations de demain. Et toi qu’en penses-tu ? N’hésite pas à partager ton avis dans les commentaires.

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  • Buzzarello Hervé dit :

    Très intéressant même si je connais le pisé depuis longtemps. J’ai appris des choses. Mais ma grande question est : pourquoi les diagnostiqueurs DPE considèrent-ils les murs en pisé comme n’importe que autre mur d’avant 1950 ? Il y a là un problème qui causera bien des soucis aux propriétaires dans quelque temps ! Avez-vous des infos ?

  • Anton SANA dit :

    Bjr. jai repare une maison traumatisee il y a 40 ans qui perdure . Deux planchers suspendus deux entraits des sablieres sur 16 metres et deu poutres sommier.
    une fois etaye l’ensemble, depose du mur et entrepot pour reemploi , reparation et reconsolidation au mortier de chaux la base lissage a la chaux hydaulique , sechage puis pose d’une membrane elastomere en bitume. pose a tous les metres de plots de Robinier sec ecorces depuis trois ans, de 18 cm de diametre a 12 cm , certain de 6 metres pour supporter les poutres. les longueurs intermediere pour les poutres du premier plancher. entre ces montants des colonnes de bouteilles de verre posee a l envers servant comme rupture de pont thermique.
    Alors ce fut assez long, car les banches de 1,2 m sur la longueur ,n’etait remplie que de la hauteur d une bouteille tous les trois jours,( des alleges ,jambages et linteaux d ouverture etaient posees dans la foulee, deux avaient meme les fenetres…) le deuxieme etage, etaient un peut speciale car nous avions incorpore du crin de cheval dans le melange que nous posions sur la partie exterieur.
    les gaines electriques avec leurs fils etaient posees. nous avions rentre les tuyaux de 3/4 en acier pour les radiateurs de chauffage ( mauvaise idee), la sabliere a ete deposee sur un lit de chaux.
    Rien n a bouge depuis ce temps, aucune fissure, l enduit a la chaux aerienne a ete realise deux ans plus tard.
    le mur fait 6 metres de haut , 63 cm a la base et 50 cm sous sabliere.

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